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Entre musique et littérature, bienvenue dans l'univers de Bruno Brel...


Presse scène
 

EDITO

 

          Les « mois sans »...
 
         Y'avait longtemps qu'un édito ne me semblait plus nécessaire, peut-être utile aux yeux des autres, peut-être important pour ceux qui m'aiment...
Est-ce le fait que, parfois, on a plus besoin de parler que d'écrire ? Mais pour parler, faut des copains. Et je viens d'en retrouver, plein. Dans un petit coin de Belgique que j'aime. Donc, puisque je peux reparler, j'écris.
         Mes potes français ont, pour la plupart, émigré vers le soleil dès qu'ils n'ont plus été obligés de vivre, pour des raisons professionnelles, dans le carcan du périphérique parisien ; le nombril du monde francophone. Et, là où je vis, je suis tout juste hors de portée des regards tendres des phoques de la Baie de Somme. Et je m'emmerde !
         Heureusement, les voyages sont là et, à cheval sur ma guitare, ou sur ma moto, j'ai cette chance inespérée de découvrir – ou de re-découvrir – des paysages entrevus jadis grâce aux cartes Michelin. Et puis tous ceux qui m'ont tellement manqué.
         J'ai cru que vivre caché me permettrait de faire renaître au fond de moi la richesse de mes si nombreuses rencontres et de les dessiner avec des notes ou quelques mots. Mais les notes et les mots ont changé d'époque. Beethoven, Chopin, Mozart, Bach, Wagner, Ravel, Debussy, Vivaldi et leurs potes ont quitté les ondes qui secouaient nos perceptions auditives. Les mots magiques de Brassens, de Ferré, de Barbara, de Leclerc, de l'oncle Jacques, de la Sylvestre, de Bécaud, d'Aznavour ; les voix nocturnes et magiques de Bachelet, de Reggiani n'ont plus droit à l'écoute. Que vont devenir les chef-d'oeuvres de Serge Lama ? Les perles d'Allain Leprest ? Les doutes humains de Nilda Fernandès ? Les colorations cinématographiques d'Ennio Morricone ? La puissance quasi inaccessible d'Edith Piaf et Johnny Halliday ? Les accents inoubliables de Montand, de Noiret, de Bourvil, de Marielle, les inimitables gueules d'enterrements permanents de Gabin, Ventura et de leur pote de virée, le père Blier ?
         Bref, nous changeons d'époque. C'est normal. Ce qui l'est moins, c'est qu'on nous l'impose. A tous niveaux, et peut-être un peu trop vite. Tendance à oublier que le futur s'est toujours construit sur le passé.
         L'avenir de tous, humains et animaux, ne peut provenir que de rencontres et des conséquences du temps. En ce qui concerne les gens, il y a malheureusement cette stupide invention des divinités qui les a séparés. Si dieu existe, qu'il nous le prouve une fois pour toutes. En attendant, il emmerde tout le monde et il ferait mieux de prendre exemple sur Coluche qui, lui, a créé les « Restos du Coeur » plutôt que l'Inquisition.
         Mais, revenons à nos moutons, comme disent les loups avec qui je vis.
Vieillir implique plus que souvent le fait de ne plus être en osmose avec le présent par rapport à notre passé. Ok. (J'allais rajouter « passons », mais c'est déjà fait...).
         Le fait que les nouvelles musiques des chansons mises à la mode soient composées sur trois, voire deux accords répétitifs, accompagnées de textes insignifiants qui ne peuvent qu'engendrer la débilité, et orchestrées par des machines informatiques, ne feront en aucune sorte qu'un tout petit regard vers le passé puisse venir au secours de jeunes oreilles qui auraient pu connaître l'Opéra de Paris ou la Scala de Milan. Maman écoute Obispo pendant que Papa regarde Paris-Saint-Germain qui galope pour abreuver les oasis du Quatar.
         Ces quelques considérations, un peu amères, je l'avoue, mais nécessaires pour rester debout, c'est ma façon à moi de pousser sur le petit bouton d'alarme.
         La culture s'enfuit. Que ce soit celle de l'esprit ou celle du bel ouvrage artisanal. Il est peut-être encore temps de la rattraper. De plus en plus, des gens biens ont commencé la course vers un demain possible. Le principal obstacle reste les cons qui dirigent la planète comme si elle leur appartenait. On ne peut malheureusement rien faire contre les pouvoirs, quels qu'ils soient. Tout est calculé, tout est prévu. Les pions sont mis en place par ceux qui ont dessiné l'échiquier.
         On a inventé le « mois sans tabac », le « mois sans alcool »... Quel sera le prochain ? Le « moi sans les autres » ? Ce sera « sans moi » !
         Sauf si le calendrier nous propose un jour le « mois sans intolérance ».        

                       
                                                     Bruno
 

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